Meilleure performance mondiale de l’année sur 100 m à 17 ans : Christian Miller, la future star du sprint mondial
L’Américain a signé la meilleure performance mondiale de l’année samedi sur 100 m. L’athlétisme va sans doute devoir s‘habituer à prononcer son nom.
- Publié le 23-04-2024 à 19h45
- Mis à jour le 23-04-2024 à 22h11
Clermont. Floride. Le soleil réverbère sur le tartan ocre de la piste perdue au milieu de la brousse du Sunshine State. La foule est clairsemée, effilochée pour la 9e édition du Pure Athletics Invitational. Un meeting au plateau discret loin des projecteurs de la Diamond League qui a ouvert sa saison de l’autre côté du globe à Xiamen, en Chine. Mais certains athlètes ont le pouvoir de transformer une réunion d’athlétisme égarée en événement marquant. Historique parfois même. Christian Miller est de ceux-là. À 17 ans et 11 mois, il a déjà inscrit son nom dans les livres d’histoire. Avec une performance majuscule à moins de 100 jours des Jeux.
Ce que j’aime surtout, c’est d’avoir fait taire certaines critiques.
Et si c’était lui, la star que le sprint mondial se cherche depuis le départ de sa légende Usain Bolt ? Né en Floride à Ponte Vedra au mois de mai 2006, le gamin de 17 ans a frappé fort, très fort ce week-end. Dans l’État qui l’a vu naître, grandir et courir de plus en plus vite, il a signé un chrono record sous les 10 secondes, 9,93 pour être précis. Il faut dire qu’à ces hauteurs-là chaque centième compte et permet de situer l’athlète dans le livre des records. De record, Miller en a chassé une pluie sous le soleil de Floride.
D’abord, il est devenu le plus jeune sprinteur à passer sous la barre symbolique des 10 secondes. Ensuite, le lycéen a délivré la meilleure performance américaine et mondiale de l’année. Un tel chrono lui aurait donné la 5e place lors des derniers Mondiaux à Budapest. Ce samedi 20 avril 2024 a des allures d’acte de naissance pour celui qui était inconnu du grand public jusqu’alors. S‘il a fait parler sa vitesse, le Floridien a aussi joué de sa bouche du haut de ses 17 printemps. Comme en atteste sa déclaration après la course : “Je me sens bien. C’est bien que tout mon travail ces derniers temps ait porté ses fruits aujourd’hui. Mais ce que j’aime surtout, c’est d’avoir fait taire certaines critiques. Cela ne pourrait pas être plus rapide pour un lycéen, ont-ils déclaré l’année dernière. Eh bien, je prouve le contraire ce soir.” Ce qui a le mérite d’être clair.
Les Jeux : si près, si loin
À moins de 100 jours des Jeux, le Floridien a sans doute choisi le bon moment pour se révéler à lui-même et au monde de l‘athlétisme. Désormais, il n’est pas interdit de l’imaginer au Stade de France le 4 août prochain. Mais la route est encore longue et semée d’une épaisse embûche : les championnats des États-Unis à la fin du mois de juin prochain. Si se qualifier pour les JO n’est pas une mince affaire, le réaliser sur le sol américain se révèle être de la plus grande des complexités. Demandez donc à Armand Duplantis, né d‘un père américain et d’une maman suédoise, que l’on soupçonne d’avoir choisi ses origines maternelles afin de pouvoir composter plus facilement son ticket olympique.
Le plateau de sprinteurs US est le meilleur au monde. Et de loin. La concurrence est rude et les places se monnaient chères. Seuls les trois premiers du 100 m auront le droit de voyager à Paris au début du mois d’août prochain. Christian Miller devra notamment se frayer un chemin entre les deux derniers champions du monde en titre sur la discipline reine de l’athlétisme : Fred Kerley (2022) et Noah Lyles (2023). Il faudra aussi compter sur Christian Coleman 5e lors des derniers Mondiaux à Budapest ou encore Trayvon Bromell et Ronie Bakker. Une qualification olympique de la nouvelle dynamite du sprint international s’apparenterait déjà à un petit exploit, en somme.
Plus fort que Bolt au même âge
Après une telle performance, le jeu des comparaisons s’enclenche automatiquement. Mais Christian Miller est presque incomparable. Unique. Son talent précoce n’a pas d’équivalent. Il est tout bonnement le premier sprinteur de moins de 18 ans à passer sous les 10 secondes. Le précoce athlète est aussi le troisième meilleur performeur de l’histoire chez les juniors (moins de 20 ans). Juste derrière le Surinamien Issam Asinga (9.89 en 2023), dont l’ascension a été stoppée le 11 août dernier à la suite d’un contrôle positif à un médicament expérimental interdit, et le Botswanais Letsile Tebogo (9.91 en 2022). Qui a décroché l’argent lors des derniers Mondiaux avec un chrono en 9.88.
À cet âge-là, Usain Bolt ne réalisait pas ce type de chrono. Bien qu’il faille ajouter que le Jamaïcain était plus focalisé sur le 200 que sur le 100 à l’époque. Mais là où une comparaison avec la légende du 100 m peut être établie est sur sa capacité à terminer fort ses courses. Samedi dernier sur le tartan floridien, le lycéen a pris un départ plus que perfectible avant de finir en boulet de canon. À la manière de la “Foudre” dont on sait que le départ n’était pas sa spécialité. Christian Miller a une marge de progression et c’est peut-être bien ça le plus inquiétant pour la concurrence. Il n’est encore qu’une star, en herbe.